Paix, Trêve, Cesser-le-Feu

(Cesser le Feu, 1)

FRÉDÉRIC NEYRAT

correspondances

Salut les amis,



je lis votre appel pour la Paix, et vous adresse à ce propos deux ou trois « pensées » (le mot ne devient-il pas obscène dès lors qu’aucun acte à hauteur ne semble suffire aujourd’hui pour arrêter le massacre ?). Ceci attendu que je suis aussi ravagé intérieurement que vous par ce qui se passe « là-bas » en Palestine-Israël.



Le slogan « pas de justice, pas de paix » renvoie au « glaive de la paix ». Repris comme leitmotiv, hors de tout attachement aux Évangiles, dans la plupart des mouvements de lutte et de résistance de ces vingt dernières années, sur un versant tendanciellement « révolutionnaire », il indique clairement, depuis toujours, que la paix ne s’obtient pas sans le rétablissement d’une justice qui, elle, est un ferment de guerre. Aucune justice n’est rétablie par capitulation pacifique des détenteurs de l’injustice au pouvoir. Les cas sont trop nombreux pour qu’on les énumère ici.



D’où possiblement une aporie : pour obtenir la paix, mener la guerre de la justice, contre l’injustice, et donc relancer éternellement la guerre sans jamais parvenir à briser ce cercle. Ce que vous tentez donc de faire, briser le cercle infernal en subsumant la justice sous l’impossible de la paix. "La paix est l’abolition de l’ordre injuste qui règne dans le sang, à chaque instant », dites-vous. Et pour cela, vous commencez par utiliser encore un mot sorti tout droit du lexique de la guerre : une trêve. « Soyons réalistes: réclamons l’impossible », ou « lutter à hauteur de l’impossible », ou encore d’autres déclinaisons batailliennes de l'impossible, sonnent comme d'étranges échos en la circonstance.



Le cessez-le-feu réclamé à cor et à cri par quiconque est sensible au massacre en cours à Gaza (y compris à celui commis par le Hamas) ne saurait pourtant s’identifier à une trêve, soit à un moment de répit « magique » durant lequel les forces « opposées » (pour ne plus dire ennemis forcés) se dévisageraient jusqu’à ôter enfin leurs masques et quitter la grande scène de l’Histoire, au profit du pardon réciproque, répercuté ensuite sur tous les terrains de conflit à l’échelle planétaire. Comment, dans la situation et pour ne parler que d'eux, les palestiniens de Gaza et de Cisjordanie peuvent-ils entendre une trêve, qui signifie, quoi qu’on dise et sans supercherie rhétorique, qu’à l’issue la guerre pourrait immanquablement reprendre ? et qu’elle reprendra essentiellement à leurs frais? Là où trêve humanitaire et trêve métaphysique risquent de se rejoindre « malgré elles », sauf à refuser la métaphore.



Une certaine déroute intellectuelle, compréhensible à bien des égards - volonté de briser le cercle de la vengeance (sur toutes les scènes du monde, pas seulement dans les théâtres, on rejoue l’Orestie d’Eschyle, avec l’obligation de noircir le trait du désespoir tant la fin du cycle de vengeance consacré par Athéna à la fin des Euménides n’a en réalité pas de fin, pour d’aucuns c’est même le début de la paix armée avec l’exportation du conflit hors de la cité, dans les colonies…), cette déroute ressemble à celle des moines traversant le champ de bataille jonché de cadavres, et levant les bras au ciel. La tragédie subsume la politique, une fois de plus.



Car la mise à mort reste l’impensable de toute cette affaire. Et pour cause : elle est instrumentalisée précisément en nombre de cadavres. Si l’on dit (chiffres avérés): depuis 1948 on compte plus de 100 000 morts côté palestinien à l’heure actuelle, et 14 000 côté israélien (inclus les soldats morts au combat durant toutes les guerres avec les pays arabes et le récent massacre par le Hamas), on risque de se voir attribuer une position campiste qui tiendrait le nombre monstrueux et asymétrique de morts comme le garant de la bonne cause palestinienne. À quoi les israéliens qui font commerce de l’Holocauste répliqueront sous la fameuse hiérarchie des victimes : et que faites-vous des 6 millions de juifs morts dans les camps ? C’est ce verrouillage de la comptabilité nécrophage, de l’obscène exhibition des cadavres alignés en masse, ou sortis de sous les décombres, ou revisités dans les chambres à gaz, qui crée l’affolement de l’intelligence, qui la met littéralement hors d’elle, hors de la Raison, à la fois sensible et doctrinaire, qui anime la guerre des intentions et identités source de massacres en tous genres. Lorsque les gazaouites et cisjordaniens se font tranquillement tuer ou humilier, régulièrement en période de … trêve justement et ce depuis 75 ans dans les intervalles entre les opérations guerrières (Plomb durci, Barrière protectrice…), on regarde d’un oeil curieux les "pourparlers de paix au Proche-Orient », en espérant bien sûr qu’ils aboutiront, mais sans trop y croire puisque les puissances de ce monde jouent contre, tout en faisant semblant de jouer pour, sur le mode: faire que tout change pour que rien ne change. Comment en effet échapper à ce simulacre de paix, pour engager une paix véritable, sinon en destituant l’ordre mondial ? Malheureusement je crains que cette ancienne douleur de la Palestine, épicentre de bien d’autres douleurs de par le monde, ne trouve guère de soulagement dans ce voeu pieux.



Que des fascistes notoires (ou néo fascistes, la nuance est sibylline) s’apprêtent à défiler dimanche à Paris, dans "l’arc républicain", au sein d’une manifestation d’État contre l’antisémitisme est l’une de ces grimaces de l’histoire qui donne envie de se flinguer, ou d’exploser d’un rire de bouche fendue, ou de fuir. Les quelques gênes aux entournures exprimées à ce sujet cachent mal la défaite de cette lutte contre l’antisémitisme, lutte d’autant plus échouée qu’elle est le second étendard brandi par Israël depuis toujours. Dans les Gilets jaunes, les fachos se faisaient sortir à coups de poing ou de pied au cul ("de bonne guerre »), non sans arguments préalables, ainsi ils ne réussirent pas l’OPA sur le mouvement. Si demain, comme c’est de plus en plus probable, les fachos sont au pouvoir ici, comme ailleurs déjà, leur proposera-t-on une trêve?



Je me souviens des amis avec lesquels on militait pour la fin de la guerre en ex-Yougoslavie qui menait son terme en Bosnie (avec mon amie Rada Ivecovic notamment, signataire de votre appel), le résultat fut bien pitoyable, reconnaissons-le (mais doit-on penser en terme de résultat ?) : le siège de Sarajevo fut levé suite à une intervention de l’OTAN pilonnant les positions serbes, puis ce fut la Pax americana de Dayton, célèbre art du paradoxe de la diplomatie américaine : la Bosnie est une ET divisible…. Trouvant cette issue des plus déplorables, dans ses moyens comme dans son résultat, je discutais alors avec Elias Sanbar et Alain Joxe, qui me disaient : « les accords de paix sont toujours, en chaque circonstance de conflit, les seuls possibles »… Aux plus intrépides qui refusaient ce mauvais statu quo ou tour de cochon, bien que soulagement évident pour les Sarajeviens, ces derniers répondirent : vous avez raison sur les principes, mais nous n’avons plus la force de les soutenir, nous devons d’abord nous réparer. Rada dira si je me trompe. Ce fut le temps encore où, au Parlement international des écrivains de Strasbourg, on « milita » en faveur de l’idée derridienne des ville-refuges, destinées à l’accueil des intellectuels pourchassés (dont Rushdie sur le moment) et… qu’en est-il advenu ?

Pour la Serbie assassine de Milosevic (et en partie la Croatie de Tudjman), on pouvait parler de nettoyage ethnique, pour l’Afrique du sud on pouvait parler d’apartheid, concernant la politique d’Israël, on l’a déjà relevé, ces mots sont « antisémites ».
Pilonner aujourd’hui l’armée israélienne pour qu’elle arrête le massacre ? La question est encore antisémite n’est-ce pas ? Qui l’oserait ? Personne. La guerre là-bas s’arrêtera quand Bibi et Biden l’auront décidé, et quand le mal sera fait, dans les grandes envergures. On a des mots pour ça, très disputés, « crimes de guerre »… "La trêve" qui s’en suivra ne sera-t-elle pas des plus insupportables ? 

Genet disait (de mémoire) "l’État c’est de la merde, sauf pour les palestiniens, mais le jour où ils en auront un il leur faudra l’abattre ». En serons-nous un jour à ce stade ? Ou bien faut-il sauter par-dessus à pied joint pour une trêve qui préfigure d’emblée une paix sans États ? On entend pas mal de (vraiment) belles paroles de juif.ves.s débousolé.e.s comme celle de Jewish Currents, mais bien peu de voix palestiniennes, sauf sur al Jeezira… ou Democracy now... Les paroles du poète Mahmoud Darwich sonnent-elles toujours vrai : « « quand il arrive qu’on parle de nous, palestiniens, je sais bien qu’au fond, c’est encore de vous juifs israéliens dont on parle à travers nous » ?

Je reviens aussi sur ta vidéo Frédéric, où j’ai bien entendu, je crois, les équations que tu poses :

réalité=guerre=le seul possible

guerre=ordre du monde

paix=l’impossible seul désirable=abolition de l’ordre du monde

trêve=suspension des pulsions de mort=temps de la révélation du désastre, d’une autre éducation esthétique, du drapeau blanc brandi par tous et tous les États

cessez-le-feu préventif (contre guerre préventive ou actuelle)= abolition de la police et de l’armée= pousser au-delà de l’insuffisante interruption

(je récapitule sommairement pour être sûr que j’ai bien entendu)

Et le fond éthique ou mystique ou métaphysique puisé chez Eckhart, le maître de la théologie négative : plus le péché abonde, plus la grâce doit surabonder

C’est en effet comme un retournement du négatif par le négatif lui-même. Suivant Eckhart, vous pourriez dire dans votre propre logique : la paix est tout ce que n’est pas la guerre, la paix apparaîtra dans toute sa clarté lorsque les signifiants de la race de fer auront disparu un à un, par élimination sémantique autant que par cessez-le-feu en acte.

Une manière donc de tout rassembler dans le Tout de la destruction (catastrophe climatique résultant de la guerre à la planète et au vivant,…), pour en appeler à l’apocalypse comme dévoilement et non comme catastrophe, quelque chose situé entre Benjamin et le messianisme, Bloch et l’espérance comme préfiguration d’un monde non encore advenu (« l’apocalypse, c’est le communisme » mais vous ne serez pas d’accord avec « la révolution avance révolver au poing »), et Kafka « le messie est celui qui vient non pas au dernier moment, mais au tout dernier moment ». Je ne dis pas que c’est la vérité de ce que tu énonces Frédéric, mais ce que j’en ressens en t’écoutant. Et il y a sans doute plus actuel comme amitiés de pensée référentes.

Tout cela est très attirant, et ce n’est surtout pas du point de vue du réalisme que je me permets d’émettre ces remarques, ces questions plutôt.

Je reste simplement dans cette disposition que nous semblions partager il y a … avec Bernard, Emmanuel, Lena, Benoît, Patricia dans feu notre revue Exemple (et bien d’autres par ailleurs) : nous ne nous situons pas sur le même plan que celui de la domination guerrière et destructrice, de ce fait le drapeau blanc brandi par tous les États du monde j’avoue que je n’y crois pas un seul instant. Mais brandi pour l’instant par les gazaouites qui fuient, sous ordre, du nord vers le sud, pour ne pas être assassinés en route, voilà l’image qui nous rappelle non pas seulement la cruelle réalité, mais l’écart abyssal qui se creuse entre la vie - ici des habitants de Gaza en fuite, et la mort structurée comme un langage dans l’inconscient actif, révélé, de la pulsion de mort. Si l’interruption demeure à l’évidence insuffisante, ou le « frein » benjaminien, ne doit-on pas toutefois commencer par là en nous situant sur un autre plan, moléculaire, que celui molaire des puissances ? Même si, c’est vrai, tout nous laisse penser que cette position située est actuellement une impasse quasi totale… Une vidéo que j’aime toutefois, diffusée sur lundimatin par J.Fradin (le guerrier en trop ?)

Il faudrait demander à des israéliens lambda si ce drame survenu, qu’ils ne croyaient pas possible à un tel niveau de cruauté (là se situait l’impossible pour eux dans un sens inverse du vôtre, l’impossible sécuritaire et meurtrier), si ce drame leur a ouvert les yeux sur leur propre violence inouïe. Les paroles juives que nous aimons en ce moment sont des paroles déjà averties ou pensantes (Butler parmi elles), mais le « commun des mortels » israélien, comment parle-t-il à l’heure qu’il est ? Fuite en avant vengeresse (avérée avec tendance à l’armement général de la population mais dans quelle proportion ?) ou dépression profonde et salutaire, et dessillement, et aspiration à la paix ?

Il faudrait sans doute aller plus loin, vers ce « fond » sans fond de ce qui me semble être le déficit profond qui nous plombe de partout. Sur le plan de l’immédiat, je crois que hélas Balibar a raison dans son texte terrible et implacable sur Médiapart "La Palestine à la mort": la catastrophe ira jusqu’au bout parce qu’elle est voulue, depuis longtemps, à la fois par aveuglement et par calcul et par culpabilité (le tryptique USA/Israël/Europe du réalisme meurtrier « antiterroriste », acteur et complice objectif d’un État fascisant).

D’une part je crois que la demande de paix s’accompagne la plupart du temps de celle de justice : une paix juste, et non un statu quo lamentable et au détriment toujours des plus faibles, des toujours déjà vaincus, comme il en résulte très souvent suite à des actes de guerre (Bosnie, Irak, Afghanistan…). Et je sais que ce n’est surtout pas cela que vous visez. Or, comme je le disais, la justice est ferment de guerre s’il y a mésentente radicale sur les termes de la paix (qui n’est pas qu’une affaire diplomatique, particulièrement en Palestine où l’on sait ce qu’il en fut des accords d’Oslo par exemple), elle oblige dans tous les cas à remettre les mains dans le cambouis : en Palestine, deux États? Un seul binational ? Pas d’État du tout (notre désir trop aisément fantasmé sur leur réalité ?) ?

D’autre part sur « le fond » : il me semble que l’appel à la paix sans autre détermination d’horizon plus précise est aussi la résultante d’un effacement du communisme, au-delà de la difficulté notoire de donner à celui-ci désormais une figure désirable, une définition opératoire, un paysage :

-parce qu’il contiendrait en lui-même la guerre nécessaire pour chasser l’ennemi capitaliste, dans un rapport reconduit sous mille facettes ami/ennemi (ou traditionnellement lutte des classes mais actualisée sur le mode Temps critiques ou J. Camatte ou M. Tronti par exemple)

-parce qu’aussi la « contradiction principale » a fait long feu au profit, très légitime, d’une inclusion dans la lutte plus vaste pour le vivant et les formes de vie, à l’échelle de la destruction planétaire, comme tu y insistes très justement Frédéric.

C’est pour moi l’aporie la plus indémêlable du moment, car la mondialité de la destruction nous oblige à coller à ses basques pour tenter en même temps de nous en détacher, et d’envisager l’avenir positivement, autrement que comme survie (dont tu dis bien que c’est désormais la nature du capitalisme), et donc de nous placer forcément, malgré tout, sur le terrain global de « l’ennemi ». Car le localisme des Communes reste une forme de sur-vie -désertion -destitution, vitale donc sans doute, mais problématique à l’échelle qui nous importe ici. C’est l’anarchisme minimal, fondé toujours sur l’espoir de la contagion par capillarité.

La paix juste peut-elle se penser sans l’horizon immédiat (non renvoyé au lendemain) du communisme ? C’est la question qui me taraude sans cesse. Ne peut-on reprendre l’affirmation qui reste pour moi très actuelle et précieuse de Dionys Mascolo: "la seule question qui vaille est celle du communisme, or c’est celle que tout le monde, parmi les intellectuels notamment, refuse d’aborder. Tout le reste n’est que littérature". Déclaration de guerre s’il en est, c’était en 1953, je dirai aujourd’hui : la question que tout le monde s’obstine, avec les meilleures raisons du monde, à oublier, ou abandonner, ou épuiser. Et sur la non-violence, je ne sais quoi penser, déjà Starhawk…, je n'ai pas encore lu le bouquin de Butler, mais je l’ai entendue en parler déjà.

Un souvenir soudain : celui de la lecture du livre de Lazzarato et Alliez: Guerres et capital. Ils promettaient d’écrire ensuite un second livre qui aborderait la question polymorphe de l’émancipation (ou révolution, ou..): ils n’ont pas réussi à le faire. La surdétermination du concept de guerre qui charpentait leur premier livre ne bouchait-elle pas toute forme d’horizon pour l’éclaircie d'une émancipation désirable et possible ? Là encore Mascolo: le communisme (dans l'acception qui est la sienne et tout à fait singulière, mais vous l’avez lu…) est d’abord l’affirmation du possible, là où partout ailleurs on dit, réalistement, « mais non c’est impossible! ». C’est donc aussi bien l’affirmation de l’impossible (amitié évidente et déclarée avec Bataille, Blanchot), mais renversée en possible, à sa façon du moment...

Bref, j’ouvre là un chapitre qui mériterait plus ample développement (dont je ne suis d’ailleurs guère capable), et s’éloignerait trop peut-être de votre souci immédiat.

La dépression salutaire, le lâcher prise sur fond de trauma, l’effondrement psychique peuvent-ils devenir synonymes de désarmement ? Celui affirmé par les Soulèvements de la Terre, qui ne sont pas apôtres de la guerre, est ce qui s’expérimente dans la demi-offensive des interventions ponctuelles ici ou là – blocages, sabotages, visant l’industrie elle-même comme armement de la destruction. Leur discours énonce encore l’hypothèse d’une démoralisation de l’adversaire capitaliste, qui le mènerait à terme à se déclarer KO, et à renoncer. Il ne faut pas sous-estimer ce qui peut apparaître de prime abord comme une naïveté. D’ailleurs, leurs actes commencent à obtenir gain de cause en justice - annulation de quelques projets de bassines, tandis que sur d’autres interventions – contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, les militants sont traqués, harcelés, traînés devant les tribunaux et criminalisés. En revanche, presque partout où ils interviennent, la police réprime sauvagement et occasionne des blessés graves, alors même que la non-violence est défendue du côté des activistes résistants. On le sait aujourd’hui : que tu sois du black bloc ou participant d’un sit-in non violent sur la place centrale d’une ville ou en campagne, tu te fais gazer et cogner et placer en garde à vue indifféremment par les keufs. Quel doit-être le prix, en souffrances multiples des mutilé.e.s, pour que l’image ainsi produite d’une violence exclusivement exercée par l’État soit reconnue, et partagée comme force de conviction en faveur de l’élargissement du mouvement ? Nul ne peut le prédire sans inquiétude. Le bilan dressé par les militants après chaque intervention, depuis Ste Soline, affronte la même question sous tous les angles : comment éviter, contourner, échapper à la violence déchaînée des flics ?

Malgré tout cela, il n’y a aucune raison de renoncer ni de désespérer, le pessimisme n’est pas le désespoir, et votre appel ne me laisse pas indifférent, mérite même à mes yeux de nombreux retours, qui nourriront sincèrement l’horizon immédiat, « idéal » et matérialiste, de la paix.

Patrick Condé

10 nov 2023